« Vulnérabilité et Médiation familiale : Quels professionnels, quel partenariat ? »
Ainsi fut donc le thème de la journée nationale d’étude APMF proposée ce vendredi 22 avril 2022 à Montpellier.
Entendons ici Vulnérabilité comme une fragilité liée à un état de santé psychique, mentale ou physique, mettant dès lors la personne concernée dans une impossibilité de « gérer pleinement » sa vie. Familles et professionnels se questionnent sur les communications à mener en famille dans ces situations où peuvent flamber tensions et/ou conflits lié(e)s au contexte ou aux positions respectives des membres d’une famille.
L’existence de cette journée est née de rencontres et de réflexions entre mandataires judiciaires, juges des tutelles, et médiateurs familiaux. La médiation familiale peut-elle être opportune avant, pendant, après les mesures de protection quel qu’elles soient ? Comment peut-elle être propice à ces situations familiales ?
Le sujet est ouvert et lancé. Préambule obligatoire afin que nous sachions tous et toutes de quoi il en retourne, une présentation est faite de ce qu’est la Médiation Familiale en son sein (ses principes éthiques, son fonctionnement, ses modalités), et de ce que sont les mesures de protection judiciaires (tutelle, curatelle, sauvegarde, etc…)
Ces premières interventions font d’ores et déjà « bouger les lignes », ouvrent un questionnement, interrogent les ponts pouvant s’effectuer entre ce que peut offrir l’espace de médiation familiale et les situations rencontrées par les mandataires judiciaires, ou les juges de tutelle mineur ou à la protection des majeurs.
D’emblée, les intervenants et le débat avec la salle laissent à penser combien la médiation familiale a toute sa place dans le parcours de certaines familles qui subissent l’impact d’un contexte de vulnérabilité (pour mineur, majeur, personne âgée, etc…)
La mesure de Tutelle pour mineur et son conseil de famille : de la saisine du juge à la mise en œuvre du soutien à la famille, tuteur ou subrogé tuteur ; la place de la médiation familiale
Le Juge des Tutelles des mineurs de Montpellier, convaincue des bienfaits de la médiation familiale pour l’avoir « expérimenté » en tant que Juge aux Affaires Familiales, viendra nous dire comment, dans son rôle de magistrat, elle s’appuie sur cet espace de communication familiale dans ce contexte particulier, réunissant les familles maternelles et paternelles autour du devenir de l’enfant (ou des enfants) mineur.
Saisie suite au décès des parents d’un enfant mineur, il va s’agir pour elle de mener à bien un conseil des familles ayant pour but de nommer un tuteur et subrogé tuteur pour l’enfant mineur. Les deux Familles maternelles et paternelles peuvent se trouver dans un contexte délicat ; des tristesses, des peines, des tiraillements, et au-delà du décès, des tensions liées à « qui va avoir l’enfant (ou les enfants) en charge ? ». Des situations sont actuellement en médiation familiale dans ce contexte.
La médiation familiale et les Mandats de protection : un partenariat avec les Udaf
C’est avec un éclairage certain des enjeux et des positionnements politiques que notre Chargée de mission de l’Unaf est venue témoigner d’une expérimentation menée depuis deux ans maintenant entre les Udaf et les services de médiations familiales, pouvant répondre à des besoins spécifiques rencontrées par des familles dont un membre bénéficie d’une mesure de protection judiciaire. La route est encore longue pour simplifier cette pratique.
Et en même temps, une professionnelle, à la fois mandataire judiciaire et médiatrice familiale, vient nous exposer des situations concrètes qui viennent renforcer l’idée de la place de la médiation familiale dans le parcours des familles. Connaissant bien les deux métiers, elle expose l’efficience de l’offre de l’espace de médiation familiale dans certaines situations « coincées » dans des positions et logiques conflictuelles, successorales, par manque réel de communication.
Elle nous expose des situations qu’elle accompagne en tant que mandataire judiciaire et combien la médiation familiale pourrait être une ressource d’expression des ressentis, des positions, des vécus pour chaque membre, qui, s’il était investi par la famille, faciliterait certainement le suivi de la mesure.
La médiation familiale comme alternative pour rester Sujet au-delà des fragilités
Ce travail partenarial entre professionnels ne doit pas nous éloigner de la personne elle-même et de sa famille. Ce sont bien ces personnes qui restent au cœur de notre pratique. La médiation familiale, loin d’être magique, semble pourtant proposer des avantages certains à ces personnes vulnérables et leur famille afin de redéfinir les places de chacun, de « qui décide quoi, comment, et pour qui ».
L’état des personnes atteintes de maladie lourde de conséquence, tel qu’Alzheimer par exemple, est abordé avec des spécificités à aménager dans le cadre de la médiation familiale sans « trahir » son éthique et ses principes.
Mandataires judiciaires et Juges des Tutelles s’accordent à dire qu’il ne faut pas faire l’économie de l’orientation vers l’espace de médiation familiale dès lors que cela semble opportun afin de ne pas laisser se détériorer plus en avant encore les relations familiales déjà « abimées » par le contexte. Un des Juges présent, convaincu également de ce que peut apporter la médiation familiale, incite les mandataires judiciaires à en faire la demande dans leur requête afin que cette mesure puisse être ordonnée par les juges des tutelles eux-mêmes.
Les mandataires judiciaires, présents et peu sensibilisés jusque-là au sujet de la médiation familiale, fort de cet éclairage et partage de pratique professionnelle, prennent la parole : dés lors, ils intégreront cette possibilité auprès des familles.
ALORS, ALORS, ….que dire davantage ? Les retours sont très positifs ! 80 % des feuilles « Votre Avis » ont été remises, avec un taux de satisfaction important (supérieur à 8 en moyenne !!) sur tous les items ! Tant du côté des participants que du côté des intervenants, soit 72 personnes, la journée a été riche d’apports réflexifs et d’ouverture !
Si Sieur Covid et Dame grève Sncf n’étaient venus s’immiscer dans le quotidien de bien des personnes qui souhaitaient participer à cette journée, nous aurions été plus nombreux ! Et plus encore si le suivi des débats par visio aurait été possible ; la demande en ce sens était élevée. Sur cette journée-ci, l’organisation hybride ne fut pas ni envisageable, ni retenue.
L’intervention des clowns analystes de la compagnie « Atoutclown », venant faire les intermèdes entre chaque intervention, a fait l’unanimité !! Le regard décalé s’est montré, une fois de plus, un élément percutant !
Retenons une remarque fort intéressante qui a été transmise : un manque dans cette journée : la présence de médecins experts décidant de la nécessité d’une mesure de protection ! Merci aux mandataires judiciaires qui nous en ont fait part.
Pour finir, comme sait si bien l’énoncer notre Vice-Présidente, Audrey RINGOT, « nous continuons à être convaincus de la nécessité de ces journées d’étude où se pose la question des responsabilités partagées et de la Co-construction du travail partenarial, chacun faisant de sa place. »
Ainsi va l’avenir de la Médiation familiale, avec de beaux jours devant elle !!
MERCI A TOUS ET TOUTES pour cette belle journée de partage de réflexions !
Un grand Merci à la petite équipe bénévole de l’organisation du Jour J, venant ainsi rendre les choses possibles !!!
Nathalie Maufroy